LES LAVOIRS DU VILLAGE
Autrefois, la lessive était effectuée à partir d’un point d’eau,fontaine, mare, étang, cours d’eau. Sur les rives de toutes les rivières de France, on pouvait donc rencontrer des lavandières qui se servaient d’une planche à laver, d’une petite caisse pour s’agenouiller près de l’eau, d’une planche à frotter et d’un battoir qu’elles transportaient dans leur brouette lourdement chargée. Elles installaient leur selle (sorte de planche sur deux tréteaux) et, à genoux, avec des gestes immuables, elles savonnaient, battaient, malaxaient, roulaient et essoraient leur linge sur les bords de la rivière.
La lessive se faisait aussi sur une pierre inclinée au bord de la rivière,
les inconvénients étaient évidents, les habitants qui venaient
s’approvisionner en eau pour leurs tâches domestiques y trouvaient
une eau souillée.
Pourquoi des lavoirs ?
Fin du XVIII ème siècle et début du XIXème un besoin d’hygiène croissant se fit sentir face aux épidémies (choléra, variole et typhoïde) Devant supprimer au plus vite ces causes d’infection, l’édification de lavoirs s’imposa .La pureté de l’eau devint un impératif.La loi du 3 février 1851 vote un crédit pour subventionner à hauteur de 30 % la construction des lavoirs.
L’assemblée législative vote un crédit de 600 000 F le 3 décembre 1851, sous Napoléon III , pour la construction de lavoirs publics.
Chaque projet est subventionné à hauteur de 20 000 francs. Malgré les sommes à trouver pour compléter la subvention, de nombreuses communes, même modestes, engagent les travaux. La construction est commandée par les municipalités sous le contrôle de l’administration départementale. Les travaux sont mis alors en adjudication sur rabais à la chandelle, d’où une certaine similitude de conception et de matériaux. Les lavoirs seront utilisés jusqu’à l’arrivée de l’eau courante dans les maisons.
Contrairement à une représentation très répandue, les femmes ne s’y rendaient le plus souvent pas pour laver le linge mais pour l’y rincer : le passage au lavoir était en effet la dernière étape avant le séchage. Comme le lavage ne consommait que quelques seaux d’eau, il pouvait avoir lieu à la maison, mais le rinçage nécessitait de grandes quantités d’eau claire, uniquement disponible dans les cours d’eau ou dans une source captée. Les bassins ont un rebord en pierre ou en ciment . Les bassins sont souvent cimentés . Certains bassins sont donc divisés en deux : une grande partie pour le premier rinçage et une plus petite pour le second rinçage.
Dans certaines communes, les femmes utilisaient les lavoirs gratuitement, dans d’autres, elles devaient payer un droit.
On constate que c’est après 1850 que ces lavoirs firent vraiment
leur apparition.
Un rôle social important…
Les lavoirs avaient une importante fonction sociale. Ils constituaient en effet un des rares lieux dans lesquels les femmes pouvaient se réunir et échanger. L’activité de nettoyage du linge était physiquement très difficile. Aussi, le fait de la pratiquer de façon collective la rendait plus facilement supportable : les femmes pouvaient discuter entre-elles, plaisanter, chanter… Des conflits surgissaient également parfois.
Les lavoirs sont un élément important dans la promotion de la santé publique et de l’hygiène. Ils ont contribué au progrès et au bien-être de la population en simplifiant, un peu, le travail des femmes. La lessive étant une tâche exclusivement féminine, le lavoir était un lieu de sociabilité exclusivement féminin. On estimait souvent l’importance d’un village au nombre de lavoirs qu’il possédait.
Des boules bleues (à base de bleu de méthylène) plongées dans l’eau de rinçage rendaient le linge d’un blanc étincelant, parfois des racines de rhizomes d’iris servaient à parfumer le linge.
L’utilisation des lavoirs a progressivement été abandonnée au XXème siècle. Il a laissé sa place aux lessiveuses, aux lavoirs mécaniques puis à la machine à laver, à partir de 1950.
Il subsiste toutefois de nombreux témoignages de ces styles architecturaux. A Froideconche, nous pouvons répertorier 6 lavoirs et de nombreuses planches à laver.
La restauration d’un patrimoine de tradition Abandonnés depuis plus de 40 ans, ils étaient menacés de destruction.
Heureusement la restauration de ceux-ci nous permet de conserver notre patrimoine chargé d’histoires.